Out in the sun est un pèle-mèle de brocateur, des choses glanées ci et là, étalées en plein soleil, exposées dans la rue au regard des gens qui passent.

Chacun a, derrière la façade carrée monochrome, des zones d’ombre et de lumière, que l’on cache.

Out in the sun est une "explosante-fixe".

Wednesday 22 September 2010

Juliet, Naked et Corps du roi

J'ai lu deux livres coup sur coup: "Juliet, Naked" de Nick Hornby, et "Corps du roi" de Pierre Michon, l'un acheté à l'aéroport de San Antonio et lu en survolant les plaines du Midwest et l'Atlantique nord, l'autre offert dans une belle librairie de Montparnasse et lu sur les banquettes de moleskine orangée de brasseries parisiennes.

Deux formes radicalement opposées pour un sujet commun: la dualité "artiste-oeuvre" et "artiste-corps".
Deux livres parlant à des zones bien distinctes de mon cerveau, l'une anglophone pour qui le sérieux est un vilain défaut et pour qui du sarcasme sortira la vérité, comme l'on percerait un bouton; l'autre francophone pour qui "le sérieux avec lequel nous considérons la littérature serre le coeur", et qui se plonge dans la vérité corps et âme jusqu'à en irradier.
Ceci au fond n'est qu'une question de posture.

Alors voilà. Nick Hornby raille le fan obsessionnel, qui écoute en boucles des bootlegs pirates et vénère l'artiste comme un intouchable. Juliet est le nom de l'album culte d'un rocker obscur, Naked sa version démo acoustique, dépouillée, forcément préferrée par l'admirateur maniaque. Je me revois forcément un peu, fouillant les bacs des puces ou de Soho à la recherche de cette version live des Pixies que personne d'autre n'a...  Ou bien lorsque j'ai pris en photo l'Hacienda, la boite mythique de Manchester, bien ironiquement transformée en appartements de luxe...
L'incarnation terrestre de l'oeuvre, est-elle bien plus décevante, campé par un loser amer.
Car l'artiste de chair et d'os est une denrée perissable. L'oeuvre, quant à elle, ne prend pas une ride.





Pierre Michon de son côté théorise l'artiste à deux corps, "un corps éternel" que l'on nomme "Shakespeare, Joyce, Beckett..." et "un autre mortel, fonctionnel, relatif, la défroque...".
L'écrivain chez Michon est à la recherche du "texte qui tue", de ces mots qui le sortiront le corps de son enveloppe cellulaire, pour l'en détacher tout à fait, prétendument immatériel.


This Monkey's Gone to Heaven.






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