Out in the sun est un pèle-mèle de brocateur, des choses glanées ci et là, étalées en plein soleil, exposées dans la rue au regard des gens qui passent.

Chacun a, derrière la façade carrée monochrome, des zones d’ombre et de lumière, que l’on cache.

Out in the sun est une "explosante-fixe".

Thursday 28 October 2010

La France de Depardon



J'ai passé du temps avec Depardon, depuis Errance.
J'ai même ralenti le rythme, fuit la cantine pour bouquiner le numéro spécial de Télérama sur la France de Depardon, plus à son aise réfugié au fond d'un café, que j'ai cloturé par l'expo grand format, à la BNF.
J'ai pris le temps de ne pas zapper, de lire tout de la première à la dernière page, chose rare à l'époque des magasines jetables, cette nouvelle ère où l'on vous tend un journal gratuit en bas de l'escalator du RER, que vous parcourez en biais sur les quelques cent mètres qui vous séparent du bureau, et que vous jetez déjà à la poubelle de la réception.
Non cette fois j'ai tout lu, lentement, du "slow reading".
Il le faut pour saisir l'humeur des "entre-deux", des "lieux faibles". De ces lieux ni trop urbains ni trop ruraux, des zones neutres à la Modiano, un peu ternes mais inoffensives, des lieux de vie tout à fait simples.
Des lieux où l'on n'attend rien de vous, des lieux neutres, vraiment. Des lieux où l'on se sent bien au fond, car on y passe tout à fait anonyme. Vous n'êtes pas touristes. Ni même promeneur. Vous êtes forcément en transit, c'est-à-dire occupés.
Ces "banlieux" du quotidien, des facades de magasin, des panneaux de signalisation, nous les avons tous vus.
Pas du monumental. Pas de la grande nature. Non des endroits de tous les jours, un peu ingrats, mal regardés, que l'on ignore.
Et pourtant.
Et pourtant il y a une réelle émotion à bien voir ces façades de couleur vive qui tranchent tant avec les immeubles qui les ébergent. Ces signes d'entreprise humaine, ces efforts tendus contre le vide, ces élans d'en faire quelque chose. Ce "faire" rose, bleu vif ou vert, ajouré de lettres bien peintes et lumineuses, ces tenues d'apparât alors que tout autour est gris. Les murs qui les soutiennent s'éffritent, fendent et craquent, délaissés.
Toute l'énergie semble s'être concentrée sur la vitrine, sur la mise en scène, sur l'exposition que l'on choisit. Le reste peut attendre des jours meilleurs.

Tuesday 19 October 2010

entre les lignes

Je lis entre les lignes et ne vois rien d'autre que du bois maché, un territoire vierge qu'aucune pensée ne serait venu pénétrer, une inter-zone épargnée encore par les traits volontaires de l'encre noire.
Je regarde entre les lignes, je fais l'idiot, je sors des sentiers battus, histoire de.
Je vais entre les lignes et n'y vois qu'un vide, l'infiniment petit en expansion.
C'est une terre végétale, que l'homme n'aurait pas défrichée encore.
Alors tel l'alpiniste arrivé au sommet, je pose un texte comme on plante un drapeau: je marque mon territoire.
J'inspire à plein poumons, les joues encore rouges de la fièvre de l'ascension.
Je ferme les yeux pour ne pas voir les autres alpinistes.

tu n'as rien vu à Atlanta, rien

Friday 15 October 2010

You won't believe your eyes

Tu n'en croyais pas tes yeux. Pourtant tu n'entrais pas dans le musée des choses incroyables, de cire, de plastique et de synthèse. Tu restais au dehors, l'oeil objectif fixé sur la vitre, sa transparence, son reflet et tout à la fois.








Tuesday 12 October 2010

L'écriture d'Emmanuel Bove

L'écriture d'Emmanuel Bove est sèche, décharnée, pauvre et lumineuse. Elle a la radiance blanche du dénuement. Sous son regard le monde tremble sensitif.

this is not a photo opportunity


"This is the best place to take a photo in front of the Cheong Wa Dae main building"

Monday 4 October 2010

Texans


Je pars à la rencontre des texans.

DO NOT BLOCK FIRE ESCAPE LANDING


Ceci est l'oeuvre d'un peintre du bâtiment. Son chevallet est adossé au mur. Le message au centre reste enigmatique: DO NOT BLOCK FIRE ESCAPE LANDING

Frida in the sky with diamonds



Soudain Frida apparaît. De noir et de blanc vêtue. Son foulard est un volupte de fumée qui s'élève des cheminées.
Son visage d'icône flotte au milieu des nuages.

Friday 24 September 2010

le sage, le ciel, l'imbécile, le doigt


Le vieux proverbe chinois dit:
"quand le sage montre le ciel, l'imbécile regarde le doigt".
Je regarde le doigt.

Wednesday 22 September 2010

Juliet, Naked et Corps du roi

J'ai lu deux livres coup sur coup: "Juliet, Naked" de Nick Hornby, et "Corps du roi" de Pierre Michon, l'un acheté à l'aéroport de San Antonio et lu en survolant les plaines du Midwest et l'Atlantique nord, l'autre offert dans une belle librairie de Montparnasse et lu sur les banquettes de moleskine orangée de brasseries parisiennes.

Deux formes radicalement opposées pour un sujet commun: la dualité "artiste-oeuvre" et "artiste-corps".
Deux livres parlant à des zones bien distinctes de mon cerveau, l'une anglophone pour qui le sérieux est un vilain défaut et pour qui du sarcasme sortira la vérité, comme l'on percerait un bouton; l'autre francophone pour qui "le sérieux avec lequel nous considérons la littérature serre le coeur", et qui se plonge dans la vérité corps et âme jusqu'à en irradier.
Ceci au fond n'est qu'une question de posture.

Alors voilà. Nick Hornby raille le fan obsessionnel, qui écoute en boucles des bootlegs pirates et vénère l'artiste comme un intouchable. Juliet est le nom de l'album culte d'un rocker obscur, Naked sa version démo acoustique, dépouillée, forcément préferrée par l'admirateur maniaque. Je me revois forcément un peu, fouillant les bacs des puces ou de Soho à la recherche de cette version live des Pixies que personne d'autre n'a...  Ou bien lorsque j'ai pris en photo l'Hacienda, la boite mythique de Manchester, bien ironiquement transformée en appartements de luxe...
L'incarnation terrestre de l'oeuvre, est-elle bien plus décevante, campé par un loser amer.
Car l'artiste de chair et d'os est une denrée perissable. L'oeuvre, quant à elle, ne prend pas une ride.





Pierre Michon de son côté théorise l'artiste à deux corps, "un corps éternel" que l'on nomme "Shakespeare, Joyce, Beckett..." et "un autre mortel, fonctionnel, relatif, la défroque...".
L'écrivain chez Michon est à la recherche du "texte qui tue", de ces mots qui le sortiront le corps de son enveloppe cellulaire, pour l'en détacher tout à fait, prétendument immatériel.


This Monkey's Gone to Heaven.






Friday 17 September 2010

Loan Service, Texas

The Filling Station, San Antonio, Texas


Les stations services aussi se recyclent.
Cette station Texaco est devenue un café.
Après des kilomètres à pied, j'ai fait le plein.

Stetson Hats, San Antonio, Texas







cordes rouges rongées


Il y avait ces cordes rouges de lumière, découpées par des feuilles, rongées par l’acide du ciel Texan, cette brûlure de ma peau similaire, tendue comme un arc et marquée au fer rouge.

the star spangled banner and the Lone Star

le drapeau étoilé rencontra la Lone Star

Sunday 5 September 2010

Soulages Sous la Neige

 Soulages dit le "peintre du noir"
applique sur fond blanc, du brou de noix.



Dans un parc de Copenhague, j'ai crû voir un brou de noix, j'ai crû voir les pinceaux de Soulages trainer dans la neige, comme l'echo éphémère de l'impact initial.

OUT IN THE SUN


Out
We’re out in the sun
To feel the heat burn
There is no U-turn
Up
We are on the run
Our wings are second hands
Our second chance has come
Off
We’re off to the sun
We’ll be the first to land
Our time has come at last
There
We’re there on the sun
To feel the heat burn
To feel there is no return
Off
We’re off from the sun
And out of the blue
We’re heading to Greenland
Back
We’re back down to Earth
Our dreams are scattered stars
Our dreams will shine for years

Saturday 4 September 2010

Every wave is a new wave



je suis la vague qui suit la vague qui suit la vague
l'écho d'une onde de choc
je suis un rayonnement fossile
la vague seule est une énigme
sans l'impact initial